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La philosophie de l’ALCEM et son éthique linguistique
vendredi 5 mars 2021, par
1. Toute langue et toute culture issue de cette langue ont une valeur en soi et méritent d’être respectées. Mais au-delà de leur valeur propre, elles sont l’expression originale et spécifique d’un groupe humain qui mérite également le respect et la protection. La défense et la promotion de toute langue et de toute culture relève de l’action en faveur des droits de l’homme.
2. Les langues et les cultures qui en sont issues sont des fragments du patrimoine historique humain, et parmi es plus fragiles car, à la différence des productions artistiques et architecturales, elles ne peuvent pas faire l’objet d’une restauration.
3. L’action en faveur des langues et des cultures menacées doit être l’expression d’une morale positive. Bien sur, il faut les défendre quand elles sont l’objet d’une agression ou d’une exclusion. Mais il est essentiel de favoriser leur épanouissement et leur promotion. L’éthique linguistique de l’ALCEM génère ses stratégies, ses méthodes et son programme d’action.
Les stratégies de l’ALCEM privilégient la valorisation des langues et des cultures menacées sans renoncer, bien entendu, à la condamnation de leurs détracteurs.
Les méthodes de l’ALCEM visent, en priorité, à rassembler tous les moyens destinés à défendre, à aider, à renforcer, à développer les langues et les cultures menacées, à mettre en évidence leur dignité et leur richesse, à forger avec les communautés linguistiques les outils de leur survivance.
Le programme d’action de l’ALCEM consiste d’abord à poursuivre l’oeuvre accomplie depuis sa fondation et qu’elle estime salutaire, en découvrant et en dénonçant les injustices et les abus de pouvoir, en exprimant des protestations, en prenant à témoin l’opinion publique, en déposant plainte auprès des tribunaux supranationaux.
En prolongement de son action et pour accroître son efficacité, l’ALCEM choisit de prendre en charge trois tâches :
1. Une évaluation permanente de la situation des langues et des cultures menacées ou qui ne bénéficient pas encore de la plénitude de leurs droits.
2. Un ensemble de démarches auprès des instances internationales et européennes en vue de faire reconnaître l’opportunité de l’action menée par l’ALCEM. et de son programme élargi. Ces démarches devraient déboucher sur l’attribution de missions et de contrats d’études en des matières qui préoccupent le Monde et l’Europe, mais qui ne sont pas prises en charge par les organes officiels.
3. Des offres de coopération aux communautés linguistiques qui la souhaitent afin de leur apporter l’expérience et la documentation de l’ALCEM pour élaborer leur projet culturel qui justifiera mieux leurs revendications.
LES ACTIVITES
L’ALCEM entretien —de par son existence, son fonctionnement, ses congrès, etc.— des courants d’information constants entre toutes les communautés minoritaires dont les cultures sont menacées ; il s’agit là d’une tâche importante même si elle n’est pas toujours justement évaluée.
La partie essentielle de l’action de l’association repose sur les interventions ; qu’ elles aient été décidées par l’Assemblée générale d’un congrès, ou par le Bureau (pendant les périodes de temps comprises entre deux congrès consécutifs), les interventions sont de trois types :
intervention auprès d’un organisme international : UNESCO : Communauté européenne, ONU, etc...
intervention auprès d’un organisme politique de l’Etat : gouvernement central, régional, etc...
intervention de type personnel ou auprès d’une autre structure : évêché, Saint siège, un journal, etc
Une autre forme d’action —dans des circonstances ponctuelles urgentes et importantes— consiste à envoyer sur place une Commission groupant des personnes compétentes qui étudie la situation, établit un rapport et le publie.
C’est ce qui s’est produit à l’occasion de la tragédie que vécurent les membres de la Communauté grecque de l’aspromonte calabrais l’ALCEM envoya la une Commission de six membres du 24 mars au 1er avril 1975 (un Corse, un Catalan, un Slovène, un Piémontais, un Grec et un Breton) dont le volumineux rapport trilingue a largement contribué à clarifier et à faire connaître dans le monde entier les problèmes de cette malheureuse communauté.
En 1993, une mission s’est rendue en Aragon (Etat Espagnol) pendant quelques jours. Elle a fait les constats nécessaires pour élaborer un rapport circonstancié qui a été largement diffusé auprès des autorités concernées.
Il faut signaler, au sujet de ces interventions, que l’ALCEM, dans les cas qui le requièrent, peut transformer l’intervention de ses organes exécutifs par la voix de son Secrétaire général, en de véritables campagnes de presse ou d’interventions répercutées à tous les membres de l’association. C’est dire que dans ces conditions l’affaire prend une intensité considérable : on sait du reste que l’on ne mobilise jamais en vain l’opinion publique internationale.
L’ALCEM se propose ainsi et surtout d’obtenir la reconnaissance officielle des droits culturels des minorités ; voilà pourquoi, après de longs travaux, elle a élaboré et voté sous forme concrète (Châtillon, VI Congrès, 1976) la Charte des droits des Communautés ethniques minoritaires et des minorités linguistiques qui constitue à n’en point douter un apport essentiel.